Excursion du 15 septembre 2011




Le dolmen des Isserts à Saint-Jean-de-la-Blaquière

Comment y aller : Le dolmen est situé au lieu dit les Isserts, à l’ouest de la D144 qui part de Saint-Jean-de-la-Blaquière en direction de Saint-Felix-de-Lodez. Il est indiqué depuis cette route par un petit panneau en bois, vous pouvez vous garer facilement sur le mini parking. Il faut ensuite prendre le chemin à droite, vous allez passer à proximité d'une casse puis vous monterez une côte à droite. Arrivé au sommet de cette petite colline vous aurez une superbe vue sur la campagne environnante. Vous verrez, à proximité du chemin, une jolie capitelle en ruine encastrée dans un ancien mur de parcelle. Suivez ensuite la ligne de crète et vous tomberez nez à nez avec ce dolmen très imposant.

Historique : Ce dolmen fut découvert en 1900 par Cazalis de Fondouce qui le mentionna dans son inventaire des dolmens de l’Hérault. Il pratiqua un sondage dans la chambre et y récolta quelques tessons ornés de chevrons (aujourd’hui introuvables). La chambre ainsi que le couloir furent entièrement dégagés dans les années cinquante par le Groupe Archéologique du Lodévois, dirigé par Gaston-Bernard Arnal.
Plan du monument par Y. Chevalier


Description : C’est un dolmen à couloir en « P » construit en grès permien, roche locale présente dans tout le bassin géologique du Salagou. La chambre est composée de 4 dalles et est recouverte par une dalle de couverture (elle gisait sur le tumulus ; le propriétaire l’a remise sur les supports il y a 70 ans). La dalle de chevet dont il ne subsiste que la base mesure 1 m de haut et 0,80 m de large. Ce chevet est encastré entre les deux dalles latérales ; l’espace laissé vide est comblé soigneusement par des dallettes. La dalle d’entrée est également brisée, elle n’est conservée que sur 0,40 m de haut. On distingue encore, sur son côté gauche, le départ de l’échancrure et des traces de bouchardage. L’intérieur de la chambre mesure 2 m de long sur 1,50 m de large. Toute la surface du sol était dallée ainsi que la totalité du couloir d’accès.

Le couloir est limité à l’ouest par un mur de pierre sèche bien appareillé. Les pierres sont équarries de manière assez régulière et possèdent des surfaces planes. Le tout forme une paroi totalement dressée et rectiligne de 60 cm de haut. A l’est, le couloir est d’abord bordé d’un mur de pierre sèche de 1,40 m de long et de 70 cm de haut puis bordé d’une longue dalle de 2 m de long pour 1 m de hauteur. La largeur de ce couloir est de 1 m à l’entrée de la chambre puis il rétrécie progressivement de moitié à son autre extrémité. Ce système d’accès est divisé en deux parties qui sont séparés par un mur transversal en pierre sèche.
L’entrée du couloir est condamnée par une dalle dont il ne subsiste que la base.

Le tumulus est très intéressant car on distingue en surface les vestiges de murs de  pierre sèche. En juin 2012, nous avons réalisé un sondage afin de caractériser la structure interne de ce tumulus. Cette petite fouille a permis de mettre en évidence une évolution de la tombe à travers des remaniements anciens de ce dernier. 


Pratiques funéraires : Les restes humains de la chambre ont été retrouvés, selon les premiers fouilleurs "sans ordre apparent". Ils ont cependant identifié deux modes de traitements des cadavres dans la tombe : l'inhumation et l'incinération. Ils ont également dénombré 235 dents ce qui nous fait un total d'environ 7 individus.

Mobilier d'accompagnement des défunts : G.-B Arnal décrit 2 couches d'utilisation du monument : une au Néolithique final caractérisée par la découverte de pointes de flèches, d'éléments de parure (perles en stéatite), et des débris de vases à fond rond et au profil sinueux.
La seconde couche d'utilisation est beaucoup plus récente (âge du Bronze ou du Fer), elle est riche en mobilier métallique. Deux anneaux en bronze, deux épingles en bronze et deux clous en fer ont été retrouvés contre la dalle de chevet accompagnés de deux vases dont un décoré.


Vase visible au Musée Fleury à Lodève (à 15 minutes de Saint-Jean-de-la-Blaquière)


Bonne promenade à tous et attention ne chahutez pas sur les dolmens, c'est dangereux !

Bibliographie :
GROUPE ARCHEOLOGIQUE DU LODEVOIS 1961 :
GROUPE ARCHEOLOGIQUE DU LODEVOIS, « Les mégalithes du Lodévois », Cahier Ligures de Préhistoire et d’Archéologie, T. 10, pp. 34-40, fig. 8-12.

CHEVALIER 1984 :
CHEVALIER (Y.), L'architecture des dolmens entre Languedoc et centre-ouest de la France, Saarbrücker Beiträge Zur Altertumskunde Band 44, Dr. Rudolf Habelt GMBH. Bonn, 1984, pp. 46-56, PL2.

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